Violence domestique : se préparer à fuir

Publié le 22 août 2025 à 07:00

On pense souvent que le danger vient de l’extérieur, de la rue sombre ou de l’inconnu. Pourtant, la réalité est souvent bien différente : les violences les plus destructrices se déroulent là où l’on devrait se sentir le plus en sécurité, à la maison. Les violences domestiques ne touchent pas seulement “les autres”, elles traversent toutes les classes sociales, tous les âges et tous les milieux. Elles peuvent être physiques, psychologiques ou même économiques et elles enferment peu à peu la victime dans un climat de peur.

C’est pourquoi il est essentiel non seulement de reconnaître ces violences, mais aussi de s’y préparer tant que tout va bien car lorsqu’une situation dégénère, il est très difficile de réfléchir et de mettre en place une stratégie efficace. Anticiper, planifier et savoir comment fuir peut littéralement sauver une vie.

Les violences domestiques peuvent prendre plusieurs formes :

La violence physique : gifles, coups, bousculades, séquestration.

La violence psychologique : humiliations, menaces, isolement, manipulation.

La violence économique : contrôle des revenus, interdiction de travailler, privation d’accès à l’argent.

La violence sexuelle : viols, contraintes sexuelles, relations sans consentement.

 

Toutes ces violences ont un point commun : elles détruisent peu à peu la liberté et la dignité de la victime. Elles peuvent apparaître progressivement, souvent masquées au début sous des comportements de jalousie ou de contrôle déguisés en “preuves d’amour”. C’est pour cette raison qu’il est essentiel de sensibiliser aussi les jeunes qui commencent à fréquenter : reconnaître tôt les signes d’une relation toxique permet d’éviter de tomber dans un cycle de violence.

 

Préparer un plan d’urgence

La peur rend souvent difficile la prise de décision lorsqu’une situation violente éclate. C’est pourquoi il est vital de préparer à l’avance une stratégie de fuite. Un plan réfléchi permet de réagir rapidement, presque automatiquement, même sous la pression.

 

Voici quelques pistes concrètes :

  • Créer une enveloppe d’urgence scellée : contenant du cash ou une carte de crédit prépayée permettant d'acheter des biens de première nécessitée, un téléphone basique avec carte SIM ou de passer une ou deux nuits à l'hôtel. Une clé USB (protégée par mot de passe si possible) avec les copies de documents essentiels (carte d’identité, passeport, livret de famille, carte AVS, etc...). Une liste de contacts fiables : proches, amis, associations avec leurs numéros notés sur papier. Cette enveloppe doit être déposée à un endroit sûr non atteignable par le/la partenaire toxique (au travail, chez des amis fiables). 

 

  • Mettre en place un code secret avec des proches : une phrase banale mais convenue à l’avance pour signaler discrètement un danger et déclencher un appel à la police. Par exemple: As-tu fini le livre que je t'ai prêté? Une fois ce message reçu par SMS, le destinataire prévient la police que vous êtes en danger et leur demande d'intervenir chez vous.

 

  • Installer des moyens technologiques simples : comme des puces NFC collées discrètement dans la maison, derrière un meuble ou sous un tiroir préprogrammées pour envoyer automatiquement un SMS d’alerte à une personne prédéfinie en un seul geste avec son téléphone.

 

  • Préparer un sac d'urgences contenant en plus de l'enveloppe scellée, des habits de rechange pour vous et vos enfants et le laisser chez des personnes de confiance.

 

  • Définir un endroit où fuir. Chez un ami ou de la famille ou dans une association d'aide aux victimes.

 

Ces points sont à faire lorsque tout va bien afin d'avoir du temps poir réfléchir et d'imaginer plusieurs scénarios. Il est également important de vérifier/adapter une à deux fois par année son enveloppe scellée et son sac d'urgence afin d'être opérationnel en tout temps, en général je recommande de le faire aux changements d'heures d'été et d'hiver

 

Quand le moment de fuir arrive 

 

1. Se mettre immédiatement en sécurité

  • Aller vers le lieu sûr défini lors de l'élaboration du plan.
  • Éviter dans un premier temps les lieux facilement identifiables (ex. travail, domicile d’un proche connu de l’agresseur).

 

2. Prévenir les autorités et associations d'aide aux victimes

  • Contacter la police (117 en Suisse) pour signaler la situation sans exceptions. 
  • Appeler une ligne d’aide spécialisée de votre canton selon cette liste

 

3. Couper ou limiter les moyens de traçage

  • Éteindre le téléphone habituel ou retirer la carte SIM pour éviter la géolocalisation (ou utiliser un sac "cage de faraday" qui bloque les ondes du téléphone).
  • Utiliser un téléphone prépayé ou un appareil prêté.
  • Changer les mots de passe (mail, réseaux sociaux, comptes bancaires).

 

4. Utiliser les ressources de l’enveloppe

  • Le cash ou la carte prépayée permettent d’acheter nourriture, transport, produits d’hygiène sans laisser de trace bancaire.
  • La clé USB avec les copies de documents peut faciliter les démarches administratives.

 

5. Mettre en place un plan à court terme

  • Demander de l’aide aux centres LAVI et leur demander un logement temporaire sécurisé. 
  • Prévenir seulement les proches de confiance de la situation (éviter de partager où l’on se trouve).
  • Si possible, déposer une demande de mesure d’éloignement contre l’agresseur.

 

6. S’occuper du long terme

  • Rechercher un accompagnement psychologique (les traumas liés à la violence domestique sont lourds à porter seul·e).
  • Obtenir un soutien juridique pour les démarches (séparation, garde d’enfants, etc.).
  • Reconstituer progressivement une autonomie financière et administrative.

 

Numéros et ressources utiles en Suisse

Police / Urgences : 117

 Aide aux victimes :www.aide-aux-victimes.ch

Centre LAVI : Liste des différents centre en Suisse

 

Besoin d'aide?

Préparer un plan d’urgence peut sembler difficile ou angoissant quand on est seul. Si vous souhaitez être accompagné pour réfléchir à votre propre stratégie ou mettre en place des outils concrets (objets, code secret, réseaux de soutien), je suis disponible pour vous aider à construire ce plan en toute discrétion.

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